TOUT SAVOIR SUR LE BAPTÊME CIVIL
En théorie…
Qu’est-ce qu’un baptême civil ? Pourquoi, où, quand et comment le célébrer ?
…ET EN PRATIQUE
quid des discours, des cadeaux, des tenues, du budget, etc..?
Vous trouverez ici:
- toutes les informations qui vous permettront d’appréhender le sens du baptême civil et le déroulé de la cérémonie à la mairie
- des guides pratiques à destination des parents pour imaginer la célébration qui vous ressemble et organiser une journée festive et mémorable pour votre enfant et tous vos proches
- un espace dédié à la marraine et au parrain pour apprivoiser ce nouveau rôle
- des témoignages, des retours d’expérience, des conseils pratiques, des outils et une multitude d’idées inspirantes !
le baptême comme fête de naissance
La venue au monde d’un enfant est un éclat de joie sans nul autre pareil !
Pour les parents, célébrer ce temps fort de la vie est une manière de partager leur bonheur avec leurs proches et d’entourer d’amour leur enfant.
Quelle plus belle occasion qu’une naissance pour réunir son entourage ? Quoi de plus heureux que d’accueillir ensemble un petit être merveilleux ? Le baptême est avant tout une fête, un moment suspendu dans le tourbillon du quotidien, pour prendre le temps de célébrer l’enfant venu au monde et les liens qui l’unissent déjà à celles et ceux qui se sont réunis autour de lui.
Le temps passe d’ailleurs souvent très vite, on ne le sait que trop bien quand on devient parent ! Un baptême peut avoir tout autant de sens si votre enfant est déjà plus grand. Il n’est évidemment jamais trop tard pour que votre enfant bénéficie de ce rite symbolique, afin de lui consacrer une journée inoubliable et d’officialiser une relation privilégiée avec deux adultes de confiance qu’il peut alors, selon son âge, avoir lui-même choisi comme marraine et parrain.
Célébrer le baptême, c’est
- souhaiter la bienvenue à l’enfant, à la manière d’un rite de passage, et lui signifier son appartenance à une communauté bienveillante : familiale, amicale, républicaine et/ou religieuse dans le cas d’un sacrement.
- donner sa confiance à la marraine et au parrain en reconnaissant l’importance symbolique de leur rôle et créer ainsi les conditions d’une relation unique et précieuse entre eux et l’enfant.
- s’enraciner : en choisissant de célébrer le baptême dans la mairie d’une commune qui a une place dans votre cœur (et qui n’est pas nécessairement le lieu de naissance de l’enfant), c’est un ancrage territorial à la symbolique de lieu refuge que vous transmettez à votre enfant
- s’accorder un moment festif et vibrant pour se féliciter d’être (pour la première fois, ou à nouveau) parents – vous le méritez bien – et rassembler ses proches !
- créer des souvenirs, qui deviendront un jalon essentiel dans l’histoire personnelle de l’enfant et que vous aurez plaisir à vous remémorez tous ensemble.
Les fêtes laïques autour de l’arrivée d’un bébé sont de plus en plus plébiscitées.
Les “Gender reveal” et “Babyshower” sont autant d’occasions de réunir ceux qui compteront parmi le cercle proche de l’enfant. Mais il s’agit là de fêtes prénatales, alors que la naissance de l’enfant est l’événement que les parents et les proches ont généralement véritablement envie de célébrer. C’est tout à fait légitime ! Pour autant, et même si la présentation de l’enfant à ses proches intervient souvent relativement rapidement après la naissance, les parents préfèreront souvent se laisser un peu de temps avant d’organiser une fête : c’est bien normal car l’essentiel est alors de se concentrer sur son cocon familial pour y accueillir son enfant dans les meilleures conditions. Cette sagesse rejoint d’ailleurs les préconisations du “mois d’or” pour favoriser le repos de la mère et sa rencontre avec le nourrisson.
Les parents font aussi parfois le choix d’organiser des fêtes de naissance, sans notion de baptême et donc de marraine et de parrain, ou de baptême laïque, sans passer par le cadre symbolique et légitimateur de la mairie.
Si vous souhaitez « officiellement » désigner une marraine et un parrain pour vous entre enfant, il est donc tout à fait possible de considérer le baptême civil comme la fête de naissance. A titre personnel, ce choix correspondait pleinement à nos envies car la cérémonie célébrée à la mairie donne le caractère solennel marquant l’importance de l’évènement, mais elle n’est pas codifiée et nous avons ainsi pu la personnaliser en y intégrant des éléments plus personnels.
Le baptême civil peut aussi être célébré bien après la naissance, et reste l’occasion de fêter votre enfant. Aucune pression sur la date du baptême civil, puisqu’il n’y a a priori pas d’âge maximum pour l’enfant baptisé ! Chaque mairie étant libre de célébrer ou non le baptême civil, elle peut bien sûr fixer ses propres règles et imposer une limite d’âge, mais elle n’est en générale pas en dessous de 13 ans… pas d’urgence donc ! L’envie de faire baptiser son enfant peut arriver bien après la naissance de l’enfant, voire être exprimée par l’enfant lui-même. Le baptême civil demeure l’occasion de dédier un moment exceptionnel à l’enfant et à ses marraine et parrain consacrés par la cérémonie ritualisée.
Notre conseil, faites les choses à votre rythme car l’important est que vous profitiez pleinement de cette célébration, et y compris de la phase de préparation qui participe déjà des festivités !!
Dans notre cas, nous avons réfléchi pendant la grossesse à la manière dont nous souhaitions baptiser notre fille et avons déjà commencé à nous renseigner auprès de la mairie mais aussi du lieu que nous avons loué pour la réception. Mais ce n’est qu’après la naissance de notre fille, au mois de novembre, que nous avons fixé la date du baptême, au mois de juin. Je précise d’ailleurs que le dossier ne pouvait être déposé dans notre mairie qu’après la naissance de l’enfant. Nous avons choisi la date en tenant compte de plusieurs critères : nous voulions nous laisser quelques mois pour nous reposer (ah les nuits des premiers mois…) et organiser le baptême sereinement, nous rêvions d’une journée ensoleillée pour que la fête ait lieu à l’extérieur, et nous nous sommes bien sûr assurer de la disponibilité des principaux intéressés, à savoir la marraine et le parrain !
Notre fille avait donc 7 mois quand elle a été baptisée, et nous avons trouvé que c’était idéal car elle était déjà suffisamment éveillée pour participer à la cérémonie et à la fête mais encore suffisamment petite pour que son baptême symbolise sa rencontre officielle avec tous nos proches, et pour que nous ne passions pas la journée à lui courir après 😉
Le baptême comme engagement symbolique
Ni le baptême religieux ni le baptême civil ne sont inscrits sur les registres d’état civil car le baptême, qu’il marque l’entrée dans la foi et/ou l’arrivée d’un enfant “citoyen en devenir” est un engagement moral d’ordre privé. Le baptême n’a aucune valeur légale et ne produit aucun effet juridique. Comme l’indique sans ambiguïté le site officiel de l’administration française (service-public.fr), “le baptême civil (également appelé parrainage civil ou parrainage républicain) n’est prévu par aucun texte et ne crée aucune obligation”.
Si sa valeur n’est donc que symbolique, elle n’en est pas moins réelle ! Le symbole est essentiel car il est porteur de sens ! Le baptême a le pouvoir de rassemblement du symbole et participe d’une tradition, d’un lien d’appartenance. La force symbolique du baptême sera proportionnelle à l’importance qu’aura pour vous cet engagement !
Le baptême civil est célébré à la mairie mais la comparution publique des parents, de la marraine, du parrain et de l’enfant n’entraîne aucun effet juridique. Le baptême civil ne crée pas de lien de droit entre l’enfant et sa marraine et son parrain. Ils ne sont soumis à aucune obligation légale, même dans l’éventualité de la disparition des parents.
Le “certificat de parrainage”, qui est souvent signé pendant la cérémonie et délivré à son issu, ne crée aucun lien de droit entre les parties. Il ne s’agit en aucun cas d’un contrat et son contenu est variable puisqu’il ne s’agit pas d’un texte de loi.
A titre indicatif, je vous partage les formulations retenues dans le certificat reçu lors du baptême civil de notre fille, car cela donne un éclairage sur la signification de cet engagement :
- Les parents “ont déclaré présenter leur enfant [nom] avec la volonté de le placer sous l’égide et la protection de l’autorité civile et républicaine et au cas où ils viendraient à lui manquer, lui donner comme parrain et marraine”.
- “Les parrain et marraine [nom] [nom] ont déclaré accepter cette haute mission et prennent l’engagement solennel de suppléer les parents dans toute la mesure de leurs facultés morales et de leurs moyens matériels.”
- “Ils affirment en outre, qu’en face de cette éventualité et comme l’auraient fait eux-même les parents ils poursuivront l’éducation de nom de l’enfant hors de tous préjugés d’ordre social et philosophique et dans le culte de la raison, de l’honneur, de la solidarité et de la défense des intérêts du peuple français.”
C’est ce discours performatif de l’élu officiant la cérémonie, et le cadre solennel de la mairie, qui donnent toute la portée symbolique de l’engagement pris par la marraine et le parrain. Et c’est là la grande différence avec un “baptême laïque”, qui est parfois choisi pour fêter l’arrivée de l’enfant. La force de l’engagement du baptême civil provient aussi de l’affirmation de la volonté de transmettre les valeurs de la France à l’enfant. En premier lieu, celles qui font la devise de notre pays : Liberté, égalité, fraternité ! Des notions pleines de sens dans l’éducation d’un enfant !
La cérémonie solennelle à la mairie est une forme d’enracinement et l’occasion d’accueillir symboliquement l’enfant, futur citoyen du monde, dans son territoire : à l’échelle de la commune où est célébrée le baptême, mais aussi du pays et de l’Europe dont les drapeaux ornent la mairie.
De mon point de vue, le sens général de l’engagement du baptême, c’est celui par lequel les parents, la marraine et le parrain acceptent de se lier autour de l’enfant baptisé. C’est la reconnaissance d’une volonté commune d’accompagner l’enfant et de lui transmettre des valeurs. C’est une promesse faite par la marraine et le parrain à l’enfant et à ses parents, traduisant un attachement particulier. C’est un témoignage généreux d’affection sincère et pérenne. On peut aussi parler d’une belle preuve d’amour, d’amitié, de confiance réciproque et de respect mutuel !
Le baptême comme rite républicain
Orchestré par le maire, ou par un conseiller municipal, le plus souvent dans l’enceinte même de la mairie, le baptême civil bénéficie de la légitimité de la personne qui le célèbre et de celle de son cadre spatial. A la cérémonie laïque, qui consacre l’engagement symbolique du parrain et de la marraine, s’ajoute une dimension citoyenne. Le baptême civil est d’ailleurs aussi parfois appelé “baptême républicain” ou “parrainage républicain”.
Bien que le baptême civil soit une simple coutume, dans le sens où il n’est pas codifié dans la loi et où le maire n’a pas l’obligation de le célébrer, il n’en est pas moins un rite d’institution. Le maire incarne la République et son discours en rappelle les valeurs. L’engagement symbolique se double d’un engagement verbal pris par le parrain et la marraine pendant la cérémonie, formulant ainsi leur adhésion aux valeurs de la République.
Le baptême civil suscite aujourd’hui un grand intérêt, car il est un rituel légitimateur de cet engagement symbolique (sans pour autant lui attacher d’obligations légales). Des parlementaires ont d’ailleurs plusieurs fois fait la demande de l’inscrire dans la loi, au nom du principe d’égalité entre tous les Français, car les maires ne sont pas tenus d’accepter de le célébrer. Le terme même de “baptême” peut paraître inapproprié, car le baptême civil ne requiert aucunement l’usage de l’eau, contrairement à ce qu’indique son étymologie grecque signifiant “immerger”. Le baptême civil est célébré en dehors de tout acte cultuel. Il n’est néanmoins pas antinomique avec un baptême religieux. S’il a pu revêtir au cours de son histoire (sous la IIIe République) une dimension anticléricale, c’est aujourd’hui un rite républicain, donc laïque. Il peut ainsi être une alternative mais aussi un complément au baptême religieux.
Le baptême civil est particulièrement plébiscité par les parents athées ou par les parents de religions différentes. Il peut aussi répondre au souhait de parents de laisser le choix à l’enfant d’exprimer plus tard ses propres croyances intimes. Il peut enfin venir compléter un baptême religieux, pour affirmer l’adhésion aux valeurs républicaines ou l’attache territoriale de la famille à la commune où a lieu la cérémonie.
Le terme “baptême” présente à mon sens l’avantage de s’associer, dans l’imaginaire collectif, à l’idée d’un rite de passage et de la célébration d’un nouveau-né (bien que le baptême, qu’il soit religieux ou civil, puisse intervenir plus tard au cours de la vie). Personnellement je ne lui préfère pas le terme de “parrainage”, qui relié à la mairie évoque le dispositif de l’élection présidentielle, et dont la consonance, surtout, exclut la marraine !
Si vous souhaitez approfondir la question du baptême civil comme “rite d’institution”, je vous recommande vivement la lecture des travaux d’Antoine Mandret-Degeilh, Docteur en science politique, qui a étudié la question des rites d’institution municipaux autour de la parenté.
Son master de recherche (Master recherche « Politiques et sociétés en Europe », spécialité « Sociologie politique », sous la direction d’Yves Déloye, Sciences Po Paris « Sous l’égide et la protection de l’autorité civile et républicaine » : dimensions politiques et sociétales de la pratique contemporaine du baptême républicain Mention Très bien) a été pour moi une source très éclairante. Son analyse renvoie à la passionnante notion de “rites comme actes d’institution” étudiée par Pierre Bourdieu. Avec l’approche rigoureuse de la recherche universitaire, Antoine Mandret-Degeil décortique la cérémonie du baptême civil. Dépourvue d’assise normative, elle a tout de même un déroulé type qui consiste généralement un en un accueil par un représentant de l’institution municipale suivi d’un discours performatif instituant les parrain et marraine dans leur rôle et recueillant le « consentement » des parrain et marraine, voire des parents de l’enfant et, enfin, la signature d’un certificat et/ou d’un registre. “Ce discours est d’une importance capitale puisque c’est au moyen d’un énoncé performatif que s’opère l’institution d’un parrain et d’une marraine.” Il s’intéresse aussi aux “traces matérielles de l’assignation statutaire” en développant notamment une réflexion sur le certificat que la plupart des mairies remettent à l’issue de la cérémonie et sur lequel figurent souvent des symboles républicains (devise républicaine, mention « République française », cadre tricolore, voire sceau de la mairie) qui entretiennent une ambiguïté sur la valeur légale du document, et contribuent donc à l’efficacité de l’institution opérée.